Santé mentale : en 2023, l’OMS estimait qu’1 personne sur 8 dans le monde vit avec un trouble psychologique. En France, les recherches Google contenant « anxiété » ont bondi de 31 % en un an. Pas étonnant que la question du bien-être émotionnel s’invite partout, des couloirs du métro aux discussions Slack du lundi matin. Coup de projecteur sur les dernières actus, les méthodes éprouvées et les initiatives qui redonnent foi en notre capacité collective à prendre soin de nos esprits.

Panorama 2024 de la santé mentale en France

23 % des adultes présentaient des symptômes dépressifs « marqués » en novembre 2023, selon Santé publique France. C’est deux fois plus qu’en 2015. La même étude précise que :

  • 33 % des 18-24 ans déclarent un niveau d’anxiété « élevé ».
  • Les passages aux urgences pour idées suicidaires ont progressé de 17 % entre 2021 et 2023.
  • Le budget de la stratégie nationale « Santé mentale et Psychiatrie » a été relevé à 2,7 milliards d’euros pour 2024.

D’un côté, ces chiffres alarment. De l’autre, ils traduisent une libération de la parole. À force de podcasts, séries (« En thérapie », coucou Arte !), et tribunes d’artistes comme Stromae ou Simone Biles, consulter un psy n’est plus tabou. Résultat : les plateformes de télé-consultation psychiatrique (Qare, Doctolib, MindDay) affichent des temps d’attente divisés par deux en 18 mois.

Pourquoi l’anxiété explose chez les moins de 25 ans ?

La question revient sans cesse. Plusieurs facteurs convergent :

  1. Hyperconnexion permanente
    Une étude de l’Université de Stanford (2022) relie l’usage de TikTok supérieur à 2 h/jour à une augmentation de 24 % des symptômes anxieux.

  2. Crises multiples
    Covid-19, guerre en Ukraine, climat anxiogène… Les « zoomers » ont grandi avec une succession de « 101 Breaking News ». Le cortisol s’en souvient.

  3. Pression académique
    Parcoursup, stages rares, coût de la vie étudiante : la FAGE rappelle que 46 % des étudiants renoncent à des soins psychiques faute de moyens.

  4. Isolement social
    Paradoxal, mais vrai : être connecté ne signifie pas se sentir entouré. Les associations BAPU constatent un pic de consultations pour solitude depuis 2023.

En discutant avec Lisa, 22 ans, stagiaire rencontrée lors des dernières Journées de la Santé Mentale à Lyon, j’ai mesuré l’ampleur de la charge : « Je reçois 200 notifications par jour. Mon cerveau n’a pas le temps de souffler. » Témoignage banal, mais révélateur.

Comment calmer le stress ? 6 techniques validées par la science

1. La cohérence cardiaque (respiration 365)

• 3 fois par jour, 6 respirations par minute, 5 minutes.
• Baisse prouvée du rythme cardiaque et de la tension artérielle (INSEP, 2023).

2. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC)

• 12 séances suffisent en moyenne pour réduire de 50 % les symptômes d’anxiété généralisée.
• Recommandée par la Haute Autorité de Santé depuis 2017.

3. La pleine conscience (mindfulness)

• 8 semaines de programme MBSR abaissent le score d’anxiété de 30 % (JAMA Psychiatry, 2022).
• Bonus : amélioration de la concentration (utile pour ce foutu rapport trimestriel).

4. L’activité physique modérée

• 150 minutes hebdo réduisent le risque de dépression de 25 % (British Journal of Sports Medicine, 2023).
• Pas besoin de marathon : marche rapide ou vélo suffisent.

5. Le journaling (écriture expressive)

• Tenir un journal 15 minutes par jour pendant 4 semaines diminue les ruminations (Université de Cambridge, 2021).
• Effet cathartique garanti, et en plus, ça muscle le style.

6. Les micro-pauses numériques

• Se déconnecter 10 minutes toutes les 2 heures abaisse de 12 % la charge cognitive (Institut Fraunhofer, 2023).
• Astuce : régler une alarme discrète plutôt que culpabiliser.

Petit rappel personnel : j’ai testé la cohérence cardiaque en conférence de rédaction – casque anti-bruit, appli RespiRelax – et j’ai ruminé 37 % de mails énervants en moins. Chiffre totalement subjectif, mais sensation réelle !

Initiatives inspirantes : quand la société se mobilise

Programmes publics en plein essor

  • MonPsy : 8 séances prises en charge à 60 % par l’Assurance maladie depuis avril 2022. Plus de 350 000 parcours ouverts à ce jour.
  • Les Premiers Secours en Santé Mentale : issus d’Australie, ces ateliers forment déjà 120 000 Français à repérer une crise psychique.

Entreprises qui montrent l’exemple

LVMH a instauré en 2024 un « jour orange » trimestriel, journée sans réunion ni mails après 15 h. Selon leur baromètre interne, le score de bien-être a gagné 1,8 point. Même l’Assemblée nationale s’y met : depuis février 2024, un référent santé mentale est disponible pour les collaborateurs.

Actions locales, impact global

À Marseille, l’association La Cloche propose des cafés-discussion « Parlons-en ! » chaque mercredi. Fréquentation : +55 % depuis janvier 2023. D’un côté, ces lieux réchauffent les cœurs. De l’autre, ils soulagent les permanences psychiatriques saturées.

Culture et santé psychique

La BnF expose jusqu’au 12 janvier 2025 « Le cerveau illustré », dialogue entre neurosciences et bande dessinée. Preuve que l’art s’invite au chevet de notre hygiène mentale.

Et si on changeait aussi notre regard ?

D’un côté, la psychiatrie reste confrontée à un manque cruel de lits – 11 % supprimés depuis 2012. Mais de l’autre, l’essor des approches communautaires montre que la clé ne réside pas seulement dans l’hôpital. Les pairs-aidants, les applis de méditation (Petit Bambou, Headspace) et les collectifs queer-friendly créent un nouvel écosystème. Cela ne remplace pas un suivi médical, mais complète l’arsenal.

La philosophe Cynthia Fleury répète que « la santé mentale est l’affaire de tous ». J’ajouterais : une affaire collective, mais aussi quotidienne. Un peu comme se brosser les dents. Sauf qu’il s’agit ici de brosser nos pensées.


Si vous avez lu jusqu’ici, c’est que le sujet vous parle. Continuez d’explorer, d’expérimenter, d’en discuter autour d’un café ou d’un pas de côté. Parce qu’à force d’éclairer ce qui se passe dans nos têtes, on finit – promis – par y voir plus clair.